Mai 2016
“M - J'avais pensé au 30km avec 700 de D+ pour toi c'est une belle course
F - donc février Gruissan, avril Fromage, août Canigou.
F - faut pas que je m'emballe non plus. Faut déjà que j'arrive à faire le 25
...
M - Et Juin comté !
M - Tu vas kiffer ! ça commence à ressembler à une saison !
F - pkoi pas
M - Et Septembre puy de Sancy ! c'est à mi-chemin entre chez moi et chez toi !”
C’est comme ça que tout a commencé au début de l'année. Malheureusement une tendinite m’a privée du Trail de Gruissan et c’est donc le WE dernier que mon baptême du feu a eu lieu. C’était plutôt un baptême de boue d’ailleurs.
Samedi 30 avril, j’arrive donc dans un un petit village de Seine-et-Marne (Saint-Cyr-Sur-Morin) que je ne connais pas, j’ai pas beaucoup dormi, je suis stressé et j’ai déjà été vidanger 3 fois mais il faut que j’y retourne. L’organisation est au top, je me gare facilement, récupère mon dossard en un rien de temps, et je vais revidanger. Je tombe alors sur Soso puis sur Sabine, ça me fait du bien de voir quelqu’un de connu, le stress ne retombe pas mais on discute un petit peuet et le temps passe plus vite.
A 9h25, il est temps de se rapprocher de la ligne. Je suis dans un état étrange, le départ n’est pas donné tout à fait l’heure, le speaker explique probablement ce qu’il passe mais je n’entend pas, je n’entend plus rien en fait, j'attends. Puis arrive le décompte, repris en chœur par les participants, qui me sort de ma léthargie. C’est le moment, faut y aller…
Je vois Sabine partir tout de suite mais je n’essaye surtout pas de la suivre, je sais que je n’y arriverai pas. Les deux premiers km sont tranquilles, je m’efforce de ne pas accélérer. Nous empruntons alors un chemin boueux puis une côte qui devient vite assez raide. Je ne sais pas trop ce qu’il faut faire. En relevant la tête je m'aperçois que tout le monde marche. Je ne fais surtout pas le malin et je fais comme les autres. Ça glisse énormément. Lorsque j’arrive en haut, tout va bien. Je repars sur les 3 km de plat qui suivent à l’allure que je m’étais fixé. Les rangs sont déjà plus clairsemés.
Arrive la première descente. Il y a encore plus de boue que dans la montée, je vois des gens qui marchent, d’autres qui courent. Je me test tranquillement et je suis plutôt à l’aise je double quelques personnes. Je suis content d’avoir les Speedcross aux pieds.
S’ensuit alors une deuxième montée puis une descente puis une troisième. Je commence à faiblir, je sais que le ravito est à environ deux km mais je sais surtout qu’il me reste une quatrième montée. Celle-là me fait mal et je commence à douter de mes capacités. Je ne suis pas du tout certain que j’arriverai au bout à ce moment-là.
J’arrive enfin au ravito ou j'entends Soso qui crie “Allez mon cousin”. Je ne l’avais même pas vu ! Elle m’accompagne dans la salle du ravito et on discute une minute. Ces quelques mots me font vraiment du bien. Je prend des nouvelles de Michael qui s’est lancé sur le 87km et de Sabine qui est déjà loin devant.
J’avais étudié le parcours avant de partir, je m’étais imaginé une longue ligne droite et plate au sortir du ravito. Elle est droite mais plutôt en faux plat montant. Ça me casse complètement le moral. Dans la descente, je vois un groupe sur le bas-côté, je ralentis et je comprends qu’un coureur s’est tordu la cheville et qu’il est contraint à l’abandon. Là le moral, il est dans la boue de mes chaussettes, et je suis à ce moment quasiment sûr que je n’arriverai pas au bout.
Jusqu’au deuxième ravito c’est plus doux, mais je commence à souffrir, j’ai d’ailleurs des souvenirs plus vagues. Au deuxième ravito, je sais qu’il ne reste plus que quelques kilomètres mais je dois m'arrêter pour enlever un cailloux dans ma chaussure. Je reprend un peu de souffle et je repars tout seul du ravito. J’ai l’impression qu’ils vont fermer derrière moi et que je suis bon dernier.
Heureusement dans l’avant dernière descente je rattrape quelques personnes et je discute avec coureur qui me dit que c’est son premier trail. Je lui que moi aussi et que je viens de Toulouse. Son regard incrédule me fait sourire et on fait quelques dizaines de mètres ensemble dans l’avant dernière montée. En haut de celle-ci je trouve la force de repartir en courant, il ne me suit pas. On se dit “A plus”, on se reverra pas.
Arrive enfin la dernière descente, je ne suis plus très lucide mais je la trouve hyper technique et j’ai peur de me faire mal. De toute façon je n’ai plus de force, j’ai mal au ventre et je commence à avoir froid. J’en peux plus je crois que je vais finir en marchant mais à quelques centaines de mètres de l’arrivée un bénévole m’encourage et me dit que j’y suis presque. Je repars en trottinant et j’arrive au bout de 4h00.
Je voulais apprécier ce moment là mais j’ai du mal à savourer. j’ai trop froid. Je repars très vite à la voiture pour me changer et me réchauffer.
Je fais une petite sieste en rentrant et ce n’est qu’après je referai le film de la course avec une envie folle de repartir… C’était trop bon !